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Genava
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21 juin 2015

Skog, et un peu de cohérence géographique

par la Chèvrelue

Bonjour sans fin de Norvège ! Depuis que j'ai posé mes pénates en Scandinavie, certaines pensées grandissent en moi et je vais tenter de les exprimer dans cet article. Je ne vais pas être gentille (mais pas méchante non plus), je vais juste dire ce que je sens qui a besoin d'être dit. Et écouté, si possible, mais enfin, ça on verra bien ;)

 

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Toutes les photos illustrant cet article sont de Brenda Runahild Dahl. Merci, amie, pour nos discussions, pour notre entente profonde sur tous ces sujets si importants dont celui que j'aborde ici, merci d'avoir été peut-être le dernier élément dont j'avais besoin pour comprendre vraiment la force de la volonté, du rêve, des choix, et pour me soutenir sur un chemin de simplicité, de force et de cohérence que tu suis également.

 

J'ai pris le chemin de la Scandinavie, donc, pas en vacancière, mais pour y vivre, en tout cas un bon bout de temps. Je connaissais l'été, les marais, les moustiques, les rennes de Laponie, le droséra en fleurs, les grues qui s'associent au soleil insomniaque pour vous empêcher de dormir, et les épilobes qui rendent la Finlande toute rose. J'ai découvert la sécheresse suédoise, les bouleaux qui tournent au jaune vif indécent, les lichens qui d'un coup explosent de vie quand les feuilles tombent, et puis la Nuit qui arrive de plus en plus tôt, jusqu'à manger la lumière, ne laissant cette dernière qu'éclairer les branches des pins à l'horizontale pendant à peine trois heures de temps. Cette Nuit qui permet de voir danser les âmes du ciel. J'ai entendu la neige couler du toit et s'écraser en plaques de plusieurs mètres de haut, le silence de la forêt sans oiseaux ou presque, et les différentes branches de la langue scandinave quasi-commune avec chacune son accent et sa façon de dire le G, le R et le SK (et les sourires à la fois amusés et complices que ça provoque chez les locuteurs des autres branches). J'ai marché sur la glace, j'ai avalé l'air terriblement froid en admirant la lumière si particulière du jour d'hiver nordique, si court et si doré. Et puis j'ai entendu le pleur du pic noir, les cliquetis de machine à écrire des grives litornes, le froufrou discret d'un élan qui essaie de se cacher derrière les saules encore gris, j'ai vu les blåsippor si bleues. Et petit à petit, si lentement, j'ai eu droit à tout le déballage indécent du printemps, les fleurs une à unes, puis les oiseaux, puis les broussailles, et enfin les "oreilles de souris" et les autres feuilles. L'explosion de vert. Et puis j'ai bougé, j'ai quitté le sec pour le très mouillé, je me suis pris sur le nez toutes les pluies de la côte Ouest, je me suis retenue de hurler devant les glaciers de juin qui surplombent les vignes au pied desquelles on voit les têtes rondes des phoques. J'ai appris à assembler les contraires, les contrastes intenses norvégiens. J'ai chanté pour les moutons sous une pluie qui a duré des mois, perdu les montagnes si hautes dans un brouillard effaçant le monde à trois mètres des fenêtres, j'ai pagayé entre les pins sur le lac qui ressemble à un fjord, j'ai enfoui ma tête dans la sphaigne au cri des corbeaux et j'ai encore une fois appris à aller me coucher même quand le soleil, lui, s'y refuse absolument.

 

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Je pense à toutes les personnes qui habitent sur le continent (ou ailleurs, plus loin) et qui se réclament des traditions nordiques. Et j'ai un peu du mal.

On ne peut pas parler de Sol et Nott quand on n'a pas vécu entièrement le cycle solaire si particulier du Nord, sa beauté et sa dureté. On ne peut pas chanter les runes quand on n'a pas entendu et soi-même tenté pendant des heures de prononcer le A si rond, le Y si difficile et le SK-SKJ-SJ qui varie d'une région à l'autre mais qui reste toujours tellement ardu. On ne peut pas comprendre la mer, la pluie, la montagne, la glace scandinaves quand on ne les a pas prises sur le visage, la rétine, senti leur force qui fait frémir. On ne peut pas apprécier pleinement les kenningar des sagas et de la mythologie sans les lire ou les entendre dans une langue qui les fait rouler, sauter, chanter sur sa grammaire simple et son vocabulaire si poétique. On ne peut pas comprendre l'idée du landvaett quand on n'a pas vu les coupures si nettes dans la végétation, le sol, l'humidité et la température qui arrivent d'un mètre à l'autre quand on marche en montagne. On ne peut pas saisir le symbole de l'arbre des mondes quand on n'a pas mesuré l'immensité des forêts qui sont la véritable âme de la péninsule nordique (et de la Finlande).

 

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Je ne dis pas qu'on ne peut pas être sincère ! J'ai aimé les traditions, spiritualités et histoires nordiques bien avant de poser les pieds ici, je les ai aimées avec conviction, sincérité, et j'étais véritablement persuadée de les comprendre. Je les ai honorées ainsi et elles l'ont sans doute pris avec amitié et indulgence. Mais je les voyais, les honorais, avec mes yeux de continentale, avec des concepts celtiques, méridionaux, latins en trame de fond. J'ai toujours ma trame de fond ! Mais mon regard, mes oreilles, ma peau, mon sang commencent à comprendre.

On peut aimer, respecter, honorer... mais on ne peut pas comprendre profondément si l'on n'a pas vécu, vu, entendu, senti, pris dans la figure ce qui fait l'essence de ces régions.

 

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Si la personne qui honore les divinités nordiques sur le continent dans son petit coin ne fait de mal à personne, j'ai beaucoup de mal dès que ladite personne commence à s'afficher. Quand, sans comprendre, sans réellement savoir, on commence à vouloir expliquer aux autres. Quand on balance des concepts, des mots (souvent incroyablement pompeux), des idées, sans savoir de quoi l'on parle. Quand on étale un savoir livresque qui ne vaut pas un sou par rapport à l'expérience aux yeux de gens naïfs qui vont prendre ce qu'on dit comme source solide, et le suivre, déformant sans le savoir ce qu'ils aimeraient honorer.

Ca donne Marie des Bois (que j'ai relue récemment, voilà pourquoi j'en parle) qui raconte le lierre poussant sur les grands arbres des forêts du Nord de la Norvège (il y a du lierre au Danemark, sur les îles de la Baltique, Öland et Gotland, sur la côte Ouest norvégienne et un chouia au sud de la Suède... mais c'est tout ! bien avant Vänern il disparaît, le climat étant trop rude pour lui) (quant aux forêts, il s'agit dès Tromsø environ de pins et de bouleaux qui mesurent rarement plus de 4 mètres, et qui vont en diminuant plus l'on monte vers le Nord), ou comment les gens campent au bord des lacs de Hälsingland ou Jämtland sans tente en plein été (sans finir exsangues ?? je veux bien leur astuce contre les moustiques, mouches mordeuses, tiques et compagnie). Ca donne les prononciations terribles qu'on peut trouver partout des noms des endroits, des divinités, des runes, avec des R fantaisistes, des A ouverts, les accents au début des mots (et pas le moindre second accent, pourtant absolument typique de toutes les langues scandinaves), les Y en I, le lac (sjön) qui devient le beau (skön) (et je ne parle même pas du LL islandais, qui nécessite trois bonnes semaines d'entraînement... je pinaille ? si on veut faire quelque chose, autant le faire correctement, sinon... ben on le fait mal, tout simplement) (oui, c'est difficile, je sais, j'ai passé des mois à avoir l'air bête en marchant en forêt à m'entraîner à prononcer tous ces sons inédits). Ou si l'on pousse plus loin dans l'absurde, ça donne la série Vikings, qui met Kattegat dans un fjord (faut qu'ils m'expliquent où ils ont trouvé des montagnes au Danemark) (quel fou rire), Uppsala au milieu des montagnes (j'y ai vécu, je peux vous assurer qu'à part la petite montée de 4 minutes sur la petite crête, ou 1mn30 sur les monts sacrés, c'est littéralement plat à des centaines de kilomètres à la ronde), les deux étant reliés à pied en mars par les personnages (moi aussi j'aimerais bien savoir couvrir autant de kilomètres à pied si rapidement, sans neige et sans souffrir du froid, et marcher sur l'eau) (d'autant plus qu'à l'époque, l'Est de la Suède était recouvert d'eau, la mer étant plus haute qu'aujourd'hui, et Uppsala un chapelet d'îles dans les marais). Ces gens-là n'ont jamais mis les pieds dans les endroits dont ils parlent !

Ca vous paraît facile de critiquer la série ? Pourtant, elle est bel et bien la vision de base de l'histoire et de la mythologie scandinaves pour tout un tas de gens (païen-nes y compris). Et si l'on prononce n'importe comment une langue, on peut arriver à dire bien autre chose que ce que l'on souhaitait (ce n'est peut-être pas grave dans la majorité des cas, mais ça ne veut plus rien dire, et pour le sérieux quand on rencontre un-e locuteur scandinave ben c'est raté) (si on ne sait pas ou n'arrive pas à prononcer ceci ou cela, alors parlons les langues que l'on connaît ! dire "la rune de la parole" littéralement plutôt que "nous" parce qu'on ne sait pas prononcer Os, ce n'est pas bête, au contraire, c'est intelligent : c'est utiliser ce que l'on connaît plutôt que d'étaler ses faiblesses). Quant à Marie des Bois, pour une personne qui est considérée comme une référence dans le milieu païen francophone, se tromper autant sur la faune et la flore d'une région qu'elle décrit, c'est tout simplement ridicule, et de plus ça induit en erreur tou-tes ses lecteur-ices (je n'ai rien contre elle en particulier, mais pourquoi faut-il qu'elle publie à propos de ce qu'elle ne connaît absolument pas ? elle est sans doute très solide sur les traditions celtiques, notamment du Centre-France... eh bien, qu'elle écrive là-dessus, pas sur le lierre de Laponie).

 

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Sortons des traditions scandinaves elles-mêmes pour adapter mes mots à toutes les traditions, si vous voulez bien.

Mon intention avec cet article n'est pas particulièrement de vous inviter à voyager (le voyage intensif n'est pas la meilleure des choses pour l'environnement de toute façon)... mais de réfléchir à la cohérence de vos pratiques et vos savoirs. Et notamment, de vous relier avec le sol, ce qu'en latin on nomme le pagus.

Pourquoi aller chercher à des milliers de kilomètres quelque chose que l'on ne connaît pas et qui n'a pas de réalité ancrée dans la Nature qui nous entoure, au lieu d'utiliser ce qui se trouve sur place ? Chaque région, chaque pays a ses traditions, son folklore, ses divinités, ses lieux sacrés, tous passionnants (et si par hasard il est impossible d'en trouver des traces, des sources, alors inventez selon votre ressenti... votre ressenti de l'endroit lui-même, pas avec des concepts qui viennent du diable Vauvert).

 

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Si, dans un pays comme la Pologne par exemple, à la fois slave, germanique et celte, vous préférez donner à la divinité de l'hiver le nom de Skadhi parce que c'est cette figure-là qui vous parle le plus parmi les différentes divinités de l'hiver du Nord de l'Europe continentale, faites-le. Mais honorer Skadhi par exemple à Marseille, où il ne gèle et neige pratiquement jamais, et où personne n'a jamais fait de ski... c'est absurde. De même pour Njord dans les Alpes (où il n'y a pas de mer), Seth à Dublin (où il n'y a pas de chacals) ou Kerridwen au Canada (où il n'y a pas de sangliers). Sinon on en arrive à l'absurdité, la monstruosité même de l'Amérique, où une divinité du désert moyen-oriental a littéralement assassiné des centaines d'esprits et divinités qui étaient parfaitement adaptés au continent, à la faune et la flore de ces régions (et maintenant on prétend y prier des divinités celtiques ou slaves ? poser en une nouvelle couche d'envahisseurs de ces terres des dieux qui n'ont rien demandé et n'ont rien à voir avec l'environnement de là-bas ? je préfère ne pas y penser, tant tout cela manque absolument de sens et de logique).

 

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Et si on est vraiment fasciné-e par des traditions d'un autre pays ? Qu'on n'y connaît peut-être rien mais qu'on voudrait vraiment ? Peut-être que ce qui est sous nos pieds, autour de nous, ne nous convient pas ? Eh bien, vive la cohérence ! Faisons notre sac et allons voir cet ailleurs qui nous attire tant. Pas en touriste, juste deux semaines à courir d'une attraction à l'autre et faire trois belles photos pour faire envie aux personnes restées au pays et se donner des prétentions de connaisseur-euse (il y en a tant, des comme ça). Non, allons-y vraiment, allons y vivre pour au moins un an, et si ça nous plaît, plus longtemps, allons y mettre les mains dans la Terre, vivre dans la campagne, rencontrer les gens du cru, apprendre la langue, la culture, vivre les traditions telles qu'elles sont réellement, allons marcher, camper dans la Nature, vraiment, rencontrer la faune, constater par nous-même quelle est la végétation, l'ambiance, le climat (je dis "nous" parce que c'est ce que j'ai fait, et continue de faire). Les livres, même superbement bien écrits, ne disent pas cela. Fermons-les et allons nous frotter à ce qui nous fascine, pour de vrai ! Et si l'on ne "tient" pas le climat, la mentalité, la différence de langue... eh bien c'est que l'on était fasciné-e par un mirage, que l'idée qu'on avait de l'endroit était fausse, ou simplement trop idéaliste. Ce n'est pas grave ! Au moins on aura vu, vécu, essayé, et on saura.

 

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On pourrait me dire que ce n'est pas toujours possible, qu'on ne peut pas forcément aller là où on voudrait. Hormis l'âge (beaucoup trop élevé, et encore, ou trop jeune pour être indépendant-e) et les rares difficultés légales (c'est la Corée du Nord qui vous fascine ? pas de bol), c'est toujours possible. Oui, même sans argent (j'en suis une preuve bien claire) (vous connaissez le wwoofing ? voilà un moyen de voir la terre et les gens de près sans débourser un rond pour le logement ni la nourriture). Il suffit de le vouloir, et de faire les choix qui permettent de poursuivre son rêve. Si on ne les fait pas, c'est que l'appel n'est pas si fort que ça, qu'on est retenu-e par autre chose qui a plus de valeur à nos yeux. Ce qui veut dire qu'on fait le choix de ne pas y aller. Et c'est tout à fait respectable. Mais c'est un choix ! Ce n'est pas que le chemin était impossible, c'est qu'on a privilégié autre chose. Et ce sont nos choix qui déterminent qui nous sommes.

 

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Je vous laisse là-dessus, c'est le solstice d'été ce soir, après des mois de pluie voilà qu'on a enfin dépassé les 10°C (les abeilles sortent, mais les moustiques et taons aussi), les champs sont presque tous plantés, la pile de bois pour le feu est prête, immense, on va goûter l'hydromel maison, les tambours frétillent d'impatience et la soleil est décidée à ne pas dormir du tout.

Bon solstice d'été à tout le monde !

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Commentaires
L
Après attention, je ne me suis jamais revendiquée "nordiste". Je ne me mets pas de nom en particulier, justement pour ne pas tomber dans ces travers-là. Oui, les traditions INSPIREES du nordisme m'attirent, mais il ne faut pas se leurrer, au jour d'aujourd'hui, même avec trois doctorats en histoire scandinave on ne peut pas pratiquer comme les anciens scandinaves le faisaient. Tout simplement parce qu'on ne possède pas suffisamment de sources, et que même les Eddas, textes de références s'il en est, on souffert de remaniements à la christianisation.<br /> <br /> Donc bon, on est un peu condamnés à mitonner nos propres sauces, en ajoutant des choses qui nous plaisent, en en ôtant d'autres ... Tu fais le parallèle avec la reconstitution historique médiévale, pour en avoir fait et avoir travaillé pendant 5 ans comme technicienne de chantier sur des sites archéologiques médiévaux (XIIème siècle pour être précise) en plus d'avoir composé deux mémoires à ce sujet, avoir guidé des visites et mené des conférences, je peux affirmer que c'est la même chose. La somme d'informations inconnues est encore énorme, on est obligés de combler avec des suppositions.<br /> <br /> Après, effectivement, ne faisons pas passer des hypothèses pour des vérités, c'est là où le bât blesse. Mais ne pas tout savoir ne doit pas nous empêcher de nous y intéresser ;)<br /> <br /> <br /> <br /> (Les sabbats wiccans, soit dit en passant, n'existent pas dans les traditions, mais sont une récup à la sauce moderne des célébrations celtes, nordiques et slaves des cycles saisonniers. Aucune valeur historique, donc, merci la précession des équinoxes, mais il n'en reste pas moins qu'ils sont parfaitement adaptés au monde d'aujourd'hui, aux cycles de notre siècle et en tant que tels peuvent parfaitement prendre place dans toute coutume païenne actuelle. Après, attention à ne pas s'imaginer suivre une tradition vieille d'un demi-millénaire). <br /> <br /> <br /> <br /> Je te rejoins pour l'idée d'être content de son pagus, c'est mon cas. j'ai récemment découvert dans ma région une fontaine dédiée à Sucellus (on vient juste d'en avoir la preuve archéo via un ex voto en plomb retrouvé au fond) et ça m'a transportée de joie et de fierté. Je suis dans un pays celte, et je me sens fortement attirée par le celtisme, comme tu le sais. Logique, donc.<br /> <br /> Cela dit, les frontières n'ont jamais été hermétiques, loin s'en faut, en témoignent les temples d'Isis à Rome et à Mercure à Clermont-Ferrand, en pleine terre Arverne, dont on sait qu'elle ne portait pas les romains dans son coeur. Mais les gens bougent, les gens migrent (aujourd'hui c'est plus que jamais d'actualité) et il emmènent leurs traditions avec eux, qui viennent enrichir (et non pas corrompre) les traditions de leurs hôtes. En France, particulièrement, nous sommes une mosaïque de peuples et d'influences, et qui peut se revendiquer pure souche ? Pas grand monde, fort heureusement. Et c'est formidable, d'une richesse exceptionnelle. Pour ça que je n'ai jamais trouvé anormal de voir ma grand-mère aller à l'église tout en laissant des morceaux de sa baguette à son Domovoï, derrière le four. Etait-elle catholique ? Païenne russkov ? Pourquoi choisir, après tout. Construire sa propre spiritualité n'a jamais causé de tort à personne pourvu qu'on ne tombe évidemment pas dans le prosélytisme historico-élitiste.<br /> <br /> <br /> <br /> Quand je parlais de génétique, je dis simplement que cal peut avoir une influence, pas que ce soit totalement irrévocable. Je pleure d'une émotion incontrôlable chaque fois que je mets un orteil en Bretagne et ce depuis toute petite. Pourtant, bien que ma famille ait pas mal bourlingué, la Bretagne est probablement l'une des rares régions dans laquelle aucun de mes ancêtres ne soit passé ! Et effectivement, cela n'enlève en rien en la légitimité de ce que je ressens quand je suis là-bas. Je ne suis pas bretonne, mais dieux que j'aurais aimé l'être ! Après tout, pourquoi n'aurais-je pas le droit (dans une petite mesure) de le devenir un peu ? Comme ce que tu disais de ta maman. Je comprends totalement ce genre d'inclinaisons. Ma cousine nous aurait découvert des origines portugaises, du côté de ma mère. Là, la génétique fait chou blanc, je n'ai pas un seul atome crochu avec ce pays. Mais la Russie de ma grand-mère, elle, m'a toujours fascinée et "appelée" en quelque sorte. Je ne suis pas russe pour autant. Mais les traditions slaves me parlent bien. C'est un moyen de me rapprocher d'elle, que j'ai si mal connu.<br /> <br /> <br /> <br /> Quant à s'afficher, et bien, malheureusement, aujourd'hui, qui ne le fait pas ... Je ne croit pas que cela soit fait systématiquement pour "en mettre plein la vue" aux autres (en tous cas ce n'est pas mon but, je n'ai pas l'impression de tomber là-dedans, même si tu as l'air de l'avoir compris ainsi), c'est simplement une optique de partage, d'échange et d'inspiration. À partir du moment où on n'estampille pas ses runes pyrogravées d'une étiquette "100% historiquement valable, approuvé par Odin himself", je ne crois pas que cela puisse porter préjudice. Il faut se rendre à l'évidence, nous suivons des voies qui n'existent plus, dont nous ne connaissons pas tout, loin s'en faut. Encore une fois, tout est question d'appréciation.<br /> <br /> Je n'ai pas la prétention de connaître les runes, j'ai simplement voulu montrer l'usage (personnel) que j'en faisais, très éloigné d'ailleurs des pratiques communément admises par le paganisme actuel (vu que je ne m'en sers pas comme support de divination) parce que ça marche pour moi, j'ai pu en ressentir les effets, en voir le résultat, même si je ne prononce pas l'ancien norrois comme il se devrait. En me disant simplement que peut-être, ça pourrait intéresser quelqu'un. Mais jamais je n'oserai dire que mon usage est "celui des Vikings".<br /> <br /> <br /> <br /> La "mode viking" est particulièrement vivace, en ce moment, c'est vrai. C'est même un peu lassant, c'est vrai. Mais bon, comme le reste (comme l'égyptien à une époque) ça passera. J'utilise les runes en magie depuis très longtemps (tu dois t'en rappeler, à l'époque d'À Travers le Miroir ;) ) et ce n'était pas du tout du tout à la mode (je n'ai d'ailleurs jamais trouvé un bouquin sur le sujet, du coup j'ai laissé tomber, même si maintenant ça fleurit de partout !). Mais aujourd'hui que tout le monde s'y met, et bien je n'ai pas envie de laisser tomber ma tambouille de crainte d'être amalgamée. Après tout, si je passe pour une idiote, ce n'est pas bien grave ...<br /> <br /> <br /> <br /> (d'ailleurs je suis avec attention le blog d'Un tiers chemin, qui est une pure merveille de bon sens et de connaissance) (et jamais je n'aurais son niveau, et en fait je ne le souhaite pas. Je resterai ad vitam aeternam une sorcière de cuisine, une campagnarde, qui mélange ce qu'elle aime comme elle mêle les légumes dans sa soupe, pourvu que ça reste digeste)<br /> <br /> <br /> <br /> J'espère que tu ne me classes pas dans les popstars en plastique (bon, si tu le fais tant pis, je m'en remettrai, puisque je sais ce qu'il en est, mais j'espère que tu me connais mieux que ça ^^). Je suis moi-même issue de traditions porte-et-fenêtres, ceci explique sans doute cela. Et je pense qu'on doit avant tout suivre son flair, ses aspirations (comme toi qui a choisi de partir découvrir la vie scandinave, je trouve ça formidable et très sensé de se lancer dans ce qui nous appelle) sans systématiquement chercher "à faire bien" (on parle de spiritualité, là, un domaine tellement personnel qu'on doit faire ce qui est bien pour nous, pas pour les autres ou pour coller à un idéal). Et puis bon, au fond, les catégories, on s'en fout un peu, non ? <br /> <br /> ;)
L
Ce que tu dis est d'une vérité à se taper le cul par terre.<br /> <br /> Les traditions nordiques m'attirent beaucoup (pour diverses raisons), mais je sais bien que je ne les embrasse pas totalement. Parce que je suis française d'origine russe, et que le Nord a beau m'attirer sur le papier, je ne le connais pas directement. Alors j'ai nourri cet attrait, j'ai lu, je me suis approprié ma propre pratique des runes (seule tradition qui ait vraiment touché le continent, et que l'on peut aborder) mais je les nomme avec mes noms à moi, consciente que ce ne sont pas leurs originaux. Un peu comme des surnoms. Je préfère pirouetter qu'écorcher, trouver un nom qui leur va, et dont je connais le sens, que m'acharner à prononcer une ânerie.<br /> <br /> Mais un jour, j'irai. Et ce jour-là, je saurai.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est normal d'être attirés par d'autres horizons, déjà parce que c'est tenter de voir plus loin que le bout de son nez (mais attention à ne pas chercher à voir trop loin non plus) et puis parce que sans doute c'est révélateur d'un passé génétique (je me dis toujours que peut-être, cette attirance peut s'expliquer par des ancêtres venus de là-bas, et dont la présence en esprit peut déclencher ses étranges fixations) (comme moi avec les traditions slaves, je n'ai jamais vécu en Russie, mais ma grand-mère m'en racontait les traditions, drapée dans un châle en laine couvert de motifs russes, un autel au Domovoï dans la cuisine. Je ne connais pas la Russie, mais une partie de ses voies coule dans mes veines via le patrimoine génétique que je porte)<br /> <br /> <br /> <br /> Ce genre de confusion (souvent due à un effet de mode) (j'ai une ancienne relation chez qui c'est devenu affligeant) est presque normal, mais je comprends ton coup de gueule, et ce message. Il est bon, parfois, de remettre les points sur les i.
N
Je tenais à te remercier pour cet article que je trouve poétique et pertinent. <br /> <br /> Le lien avec le sol, pour un peu qu'il nous parle demande une intégrité assez folle, et peu de gens sont prêts à franchir justement cette marche de la réalité, celle qui nécessite de donner situation matérielle, tangible, à ce qui est par essence de l'ordre du subtil. <br /> <br /> Je pense que c'est une marche énorme, pas forcément nécessaire pour tous, certains vont vivre leur spiritualité de façon plus éthérée, intérieure, et c'est ok aussi. Chacun à sa façon.<br /> <br /> L'exemple que tu donnes de Marie des Bois me fait rire (je n'ai pas lu cette auteure) gentiment, c'est assez courant de transposer sur l'altérité ses propres repères, ses propres symboles, sa structure de sens. <br /> <br /> Je digresse. <br /> <br /> Ce que je tente de dire c'est que ton expérience est magnifique, c'est super de pouvoir lire ton regard à ce propos. De plus, ça alimente la réflexion bien réelle je pense, d'un certain nombre de pratiquant-e-s quant à ces sujets-là. De la culture, du sol, mais aussi des ancêtres, de la reconstitution, du sens.... <br /> <br /> Bonne continuation à toi :) (et bon courage avec les arthropodes agressifs)
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